Dans cette installation, Maha Malluh (née en 1959) réutilise des pots en aluminium dont les femmes se servent pour préparer le ragoût de chevreau traditionnel et les transforme en poème visuel. Noircis par le feu des cuissons répétées, ils gardent l’empreinte de leur histoire, mais aussi de celles qui se racontent durant les repas par un peuple, autrefois nomade, dont le mode de transmission passait par l’oral. Le sous-titre « Al-Muallaqat », qui signifie « suspendu », fait référence aux pots accrochés au mur, mais aussi aux sept odes préislamiques de la période dite de « l’ignorance », la jahiliyya, sources de la poésie arabe classique. Les meilleurs orateurs, parmi les poètes qui échangeaient des joutes verbales durant les foires commerciales de la région de La Mecque (Ukaz), se voyaient accorder l’honneur d’accrocher leurs poèmes, inscrits en lettres d’or, sur la Kaaba.