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Dragon ailé dit "Dragon Stoclet"
Date | Date de création: 450 av. J.-C.-250 av. J.-C. |
Détails de l’oeuvre
Description
Création exceptionnelle, cette sculpture de dragon ailé se présente sous l’apparence d’une bête extraordinairement puissante, caractérisée par un corps vigoureux prêt à se lancer vers l’avant, posté sur des jambes musclées terminées de pattes griffues. Il s’agit d’un chef-d’œuvre quasi unique de sculpture animalière monumentale pour la période pré-impériale chinoise. Cette œuvre provient sans doute de Yan Xiadu, une cité capitale du pays de Yan à l’époque des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.). Sa fonction précise n’est pas connue, peut-être ornait-elle une architecture palatiale ou funéraire. Par sa situation géographique, l’État de Yan fut, pendant longtemps, en relation étroite avec les peuples des steppes, très actifs le long des fron-tières septentrionales. Le développement de représentations zoomorphes réalistes en Chine doit beaucoup à l’influence de l’art de ces peuples. La connaissance ancienne et intime du monde animal des populations semi-nomades d’Asie centrale explique leur goût et leur talent pour représenter les animaux en alliant une imagination débridée à la précision anatomique. Bien que le dragon Stoclet soit une œuvre issue de l’empire du Milieu, son univers esthétique animalier semble un lointain écho de certaines représentations proche-orientales telles que la frise des griffons du palais du roi Darius Ier le Grand (521-486 av. J.-C.) à Suse, réalisée plus d’un siècle auparavant, et appartenant également à l’univers esthétique des peuples nomades. En Chine, le dragon est un animal mythique, de bon augure, associé au point cardinal de l’est et à la notion de fertilité. Il occupe durant des siècles une importance primordiale dans l’univers symbolique chinois. Ce dragon ailé se présente dans une iconographie totalement chinoise : un être hybride, combinant plusieurs ani-maux tels que le félin pour l’arrière train et l’alligator pour l’avant, tout en étant pourvu de bois de cervidés et d’ailes de volatiles. Sa grande taille est extraordinaire pour une pièce archéologique de cette époque, elle constitue d’ailleurs la plus grande ronde bosse représentant un dragon connue à ce jour dans l’art chinois. Très rares sont les œuvres pouvant se comparer avec celle-ci en termes de dynamisme, de monumentalité et de qualité esthétique. Le caractère unique du dragon Stoclet lui confère une place et une importance exceptionnelle dans l’histoire de l’art. Sa célébrité ancienne est due autant à sa plastique aboutie qu’à la renommée de son premier collectionneur, Adolphe Stoclet (1871-1949) qui l’acquit comme l’un des joyaux de sa collection. Il occupera une place de choix durant près d’un siècle sur le grand bureau de son palais bruxellois.