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Routes de la soie

Grâce aux formidables réseaux d’échanges qui prendront au xixe  siècle le nom de « routes de la soie », un dialogue s’instaure à l’époque médiévale entre les grands bassins de civilisation de l’empire du Milieu (la Chine), des mondes indien et islamique et de l’Occident. Ces routes terrestres et maritimes reliant la Chine au Bassin méditerranéen en passant par l’Arabie, l’Inde ou l’Asie centrale constituent l’un des plus anciens axes commerciaux de l’humanité, emprunté par pèlerins, marchands et conquérants. Leur rôle fut non seulement de décloisonner les civilisations sur cette vaste aire géographique, mais de les transformer en faisant pénétrer les idées, les connaissances et les expressions artistiques. La Chine impériale des Tang, puis dans son sillage le vaste domaine du califat abbasside, se sont imposés comme des acteurs majeurs de ces échanges à travers l’Asie Mineure, les steppes d’Asie centrale et l’océan Indien. Après la bataille de Talas, en 751, qui marque l’expansion maximale de l’islam vers l’est, les contacts s’intensifient quand navigateurs arabes et iraniens surmontent les difficultés en mer de Chine et dans le golfe arabo-persique pour établir des comptoirs dans l’empire du Milieu. La Pax Mongolica imposée par Gengis Khan et ses successeurs au xiiie  siècle crée des conditions favorables à la circulation des personnes et des produits manufacturés – une période considérée comme l’âge d’or des routes de la soie. Les échanges diplomatiques commerciaux et culturels s’accroissent et l’impact sur le développement des arts est considérable. À la fin du xiiie  siècle un voyageur comme Marco Polo peut se déplacer en toute sécurité d’une extrémité à l’autre de l’Eurasie. Tissus, jades, laques, soieries et céramiques circulent depuis l’empire du Milieu jusqu’aux rives de la Méditerranée. Traversant l’Anatolie en 1331, Ibn Battûta décrit, détails à l’appui, le goût sinisant qui s’exporte dans les mondes arabe, turc et iranien. La chute de l’Empire chinois des Yuan à la fin du xive  siècle précipite le déclin de ces routes, alors qu’à l’ouest, l’avancée des Turcs en Europe place le jeune Empire ottoman au cœur de réseaux transcontinentaux, par lesquels transitent désormais les produits venus d’Extrême-Orient et d’Inde.