Gauguin (1848-1903) a découvert en 1887 les estampes japonaises grâce à Vincent Van Gogh. En 1888, pour cette lutte bretonne, il détourne l’esthétique de l’estampe pour réaliser une peinture à l’huile sur toile « comme un crépon japonais ». Il opte pour une « exécution sommaire » – la gravure sur bois requiert de creuser à la gouge la planche sur laquelle a été appliqué le dessin inversé, d’où des lignes souvent simplifiées – et restreint sa palette à quelques couleurs, ce qui est également inhérent aux estampes, dont l’impression se fait couleur par couleur à partir de différentes matrices. Pour cette œuvre elle aussi verticale, Gauguin adopte un traitement sans ligne d’horizon, créant un effet de profondeur sans perspective en figurant au premier plan les vêtements des enfants luttant posés au sol. L’aplat de la pelouse verte occupe ensuite les trois quarts de la composition, jusqu’au haut blanc dont elle est séparée par une ligne aux contours imprécis, lointain avatar du brouillard auquel les Japonais recourent pour figurer la perspective. Les deux enfants luttant semblent hors d’échelle, pendant qu’un troisième, en haut à droite, est figuré sans véritable modelé.