Sous l’effet d’une diffusion toujours plus large, le patrimoine arabo-ottoman accroît singulièrement sa présence et sa puissance d’attraction dans les capitales européennes. L’Alsacien Théodore Deck (1823-1891) se forme dans une faïencerie de Strasbourg avant de s’installer à Paris ; il devient le visiteur assidu des collections du musée de Cluny, alors réputé pour ses céramiques d’Iznik, à propos desquelles il écrit : « La rose, la tulipe, l’œillet d’Inde, le symbolique cyprès, la jacinthe, l’anémone, le raisin se présentent avec des couleurs réelles ou conventionnelles, mais toujours harmonieuses, dans des dispositions variées à l’infini, car jamais le même décor n’est répété deux fois. » Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1867, Deck se fait connaître avec ses « bleus », inspirés par la céramique turque. Il multiplie les réinterprétations du répertoire islamique avec le souci constant d’en exalter l’esprit et d’en renouveler la forme. Devenu maître des émaux et des glaçures qu’il a étudiés de près, il va de prouesse en prouesse, comme le montre ce plat de 1867 qui frappe par l’éclat de son fond blanc, sa subtile polychromie et son décor tournoyant.