Par sa monumentalité, son iconographie et son style, ce chef-d’œuvre d’orfèvrerie incarne la synthèse artistique qui s’opère dans le Nord-Ouest de l’Iran à partir du VIIIe siècle av. J.-C. Les artisans qui travaillent au service des princes ou des chefs locaux se nourrissent alors d’influences diverses, celles de l’Empire assyrien à l’ouest, du royaume d’Urartu ou encore des tribus scythes au nord. Découvert fortuitement par des villageois en 1947, ce bracelet provient d’une tombe isolée surplombant le village de ziwiyé dans les collines du Kurdistan. Un riche défunt y avait été inhumé au tout début du VIIe siècle av. J.-C. dans un sarcophage en bronze, accompagné de parures d’or et d’argent, de vaisselle précieuse et de mobilier d’apparat. Deux imposants bracelets en or faisaient partie du trésor, celui-ci et son exact pendant conservé au musée de Téhéran. S’inscrivant dans la longue tradition de l’art animalier iranien, tous deux constituent à la fois un tourde force technique et un manifeste esthétique. Un épais jonc recourbé, dont les moulures rehaussent l’éclat de l’or, forme le corps de ces bracelets. Ses rebords s’élargissent au centre de la courbure pour former un losange sur lequel se reflètent, de part et d’autre de l’arête centrale, deux paires de lionceaux allongés, impassibles. Les extrémités du bracelet se transforment en têtes de lions menaçantes qui s’affrontent toutes dents dehors et dont la tension dynamique contraste vivement avec le hiératisme des jeunes lions. Seul un puissant dirigeant pouvait s’enorgueillir de posséder de telles parures. S’agit-il d’un roi mannéen ou bien d’un prince mède comme le supposent certains spécialistes ? Faute de contexte archéologique, il nous est impossible d’en savoir davantage. Par sa forme et son traitement stylisé, ce bracelet annonce en tous cas les chefs-d’œuvre ultérieurs de l’orfèvrerie perse achéménide.