Les aiguières à têtes d’oiseau sont attestées au Proche-Orient depuis les temps préislamiques. Fabriquées en argent à l’époque sassanide, leur forme fut reprise en céramique en Chine durant la période Tang et dans les ateliers syriens et iraniens au xiiie siècle. Le coq au chant annonciateur d’un jour nouveau, dont l’oeil fixe était gage de protection, figurait depuis longtemps au centre d’un réseau complexe de croyances et de pratiques divinatoires. Cette aiguière est un des rares exemples présentant une double paroi réticulée, imitant le travail des dinandiers du Khorasan. Sur le col, l’inscription en arabe énonce des formules de voeux au propriétaire et un quatrain en persan s’achevant par un couplet de bénédictions : « J’ai porté notre amour au plus profond de mon âme, j’ai discuté avec elle des choses les plus infimes, jusqu’à ce que l’amant embrasse le monde, afin de lui porter votre amour, que le Créateur accorde sa protection au propriétaire de cette aiguière, où qu’il se trouve ».